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Cet article est un article invité écrit par Emmanuelle Brabec du blog : Keep Whales Wild (un excellent blog, disponible à la fois en anglais et en français).

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Comment devenir cétologue ?

Il est vrai que quand nous tenons des blogs axés sur les cétacés, on nous pose souvent ce genre de questions : «Comment travailler avec les dauphins ? Quel est le cursus à suivre pour devenir cétologue (ou delphinologue) ? Quelles écoles proposent ce type de formation ? Y a-t-il d’autres métiers dans ce domaine ?»

En bref, je vais vous dire comment devenir cétologue.

Il y a 4 ans, je m’étais rendue à l’Institut océanographique de Paris, situé rue St Jacques dans le 5ème, et j’y avais récupéré deux précieuses brochures :

– Travailler avec les mammifères marins ?
– La Plongée, un métier ?

(Ces brochures ne sont pas gratuites et un peu obsolètes sur certains points. Donc j’ai fait une synthèse de tout ce que je savais et de ce qui est évoqué dans ces brochures pour vous aider au mieux.)

Depuis, je suis une formation pour devenir plongeuse diplômée, et je me sens un peu plus informée quant aux métiers autour des cétacés. Néanmoins je dois vous prévenir que le premier manuel mentionné propose des possibilités de carrière autour des cétacés dans des parcs marins ou auprès de l’équipe IMATA (International Marine Animal Trainers Association), l’association à l’origine de l’existence des océanariums, aquariums et marinelands. Dans le cadre de cet article, je tiens à préciser que je me place du point de vue anti-captivité, donc je ne cautionne pas du tout ce type de carrières (voir l’article du 29/01/13).

La cétologie est la science qui étudie les cétacés et se propose de comprendre leur mode de vie. Cette discipline englobe de nombreux domaines de recherche et d’activités, et regroupe ainsi des professionnels de divers horizons.

Les scientifiques sont parmi les plus sollicités pour travailler au contact des mammifères marins. Ils travaillent dans des disciplines variées : biologistes, écologues, physiologistes, toxicologues, généticiens, vétérinaires, chimistes, biochimistes, physiciens, acousticiens…

Le travail du cétologue consiste à observer les cétacés en mer, à les recenser et à les marquer pour les suivre tout au long de leur vie, pour mieux comprendre leur comportement. Il lui arrive aussi d’avoir à travailler sur les carcasses d’animaux morts échoués afin d’effectuer des autopsies.

Pour mener à bien sa mission, le cétologue doit, outre ses activités scientifiques, accomplir de nombreuses tâches administratives parmi lesquelles la recherche et la gestion de sources de financement. La pratique de l’anglais est INDISPENSABLE.

Pour devenir cétologue, le meilleur moyen est d’avoir un excellent niveau en biologie et de passer énormément de temps sur le terrain. On ne se déclare pas cétologue avec un diplôme mais plutôt après plusieurs années d’expérience pratique. Il n’existe pas d’école spécifique de cétologie, et les débouchés sont très restreints. Néanmoins, certaines formations de base préparent plus ou moins à travailler avec les mammifères marins.

Avant d’être accepté au sein d’une équipe de recherche, la route est longue. Il faut être extrêmement motivé et passionné.

Quels métiers pour travailler avec les dauphins ?

Les personnes pouvant prétendre au titre de cétologue sont :
– des chercheurs en biologie marine ou des océanographes
– des spécialistes du comportement comme les éthologues
– des vétérinaires.

La biologie marine ou océanographie

Pour devenir biologiste marin ou océanographe, il faut obtenir un Bac S avec spécialité Sciences de la Vie et de la Terre. À ceux qui n’ont pas de formation scientifique, les universités proposent le Diplôme d’Accès aux Études Universitaires (DAEU), option Sciences qui permet par la suite de réintégrer le cursus normal scientifique.

Il est conseillé de poursuivre par une licence (bac+3), puis par un master de recherche (bac+5) et enfin un doctorat (bac+8), qui sont répertoriés par domaines, mention et spécialités. La plupart des licences n’ont pas de spécialité. Les spécialisations en Océanographie, Sciences de l’Environnement ou Biologie des Populations et des Écosystèmes ne commencent qu’à partir de la première ou deuxième année de master. La spécialité en Biologie Marine ou Océanographique se prépare généralement à partir du master première année, c’est-à-dire bac+4. Plusieurs facultés françaises proposent cette spécialité : Brest, Bordeaux I, Caen, Lille, Aix-Marseille II, Paris VI, Rennes I, La Rochelle et Perpignan.

Il existe néanmoins une formation courte en cétologie méditerranéenne accessible aux titulaires d’une licence de Biologie, dispensée par l’École Pratique des Hautes Études, située à Montpellier, qui permet de travailler dans des associations. Elle prépare et délivre son propre diplôme (équivalent au DEA), jusqu’à la thèse, à toutes les personnes (très) motivées (quel que soit leur niveau), ayant déjà acquis, même de façon autodidacte, des connaissances sur les cétacés.
Aucun cours n’y est dispensé, mais l’encadrement et les structures dont disposent les étudiants leur permettent d’approfondir le sujet qu’ils souhaitent dans des conditions matérielles exceptionnelles : deux années d’études et un prix d’inscription inférieur à celui des universités.
Cette école organise aussi des stages sur les cétacés en Méditerranée.

L’éthologie, ou étude du comportement animal

L’éthologie, science de terrain et de laboratoire, est l’étude du comportement animal et humain. Elle consiste à étudier la communication et la vie sociale des animaux (prédation, comportement sexuel, communication, migrations, chasse, organisation sociale, soins aux petits, jeux…) et les relations homme-animal.

En cétologie, l’éthologie étudie les impacts du tourisme (donc du comportement humain) et des modifications du milieu (pollution, diminution de leur nourriture, variation de températures dans l’océan, etc.) sur le comportement des mammifères marins.

Les débouchés en éthologie des mammifères marins sont quasi inexistants en France mais un peu plus nombreux à l’étranger.

Pour devenir éthologue, il faut être titulaire d’un bac S ou d’un DAEU option Sciences puis intégrer un cursus scientifique dans le domaine Sciences et Technologies, avec une licence de Sciences cognitives et un des masters présentés dans la formation de biologiste marin ou océanographe.

Les universités de Paris Sud XI et de Paris Nord XIII proposent le master d’Éthologie avec en deuxième année une spécialité de recherche Éthologie fondamentale et comparée ou une spécialité professionnelle Éthologie appliquée et chronobiologie du comportement.

 Les études vétérinaires

Les vétérinaires peuvent être ponctuellement en contact avec les mammifères marins dans des marinelands ou des zoos, voire sur les plages à l’occasion d’autopsies d’animaux échoués. La spécialisation s’effectue généralement en fin d’études. Une vingtaine de vétérinaires seulement sont spécialisés dans les parcs et les zoos.

Je choisis de ne pas m’attarder sur ce sujet tout simplement parce que les parcs marins ont besoin de vétérinaires pour soigner leurs animaux. Ce serait leur rendre service que de se mettre à leur disposition. Est-il vraiment nécessaire de rappeler les  ravages que la captivité provoque sur les cétacés et qu’il nous faut à tout prix nous battre pour mettre un terme à cette forme d’esclavage ? Non, je ne crois pas.

Autant le dire franchement, étant fermement contre la captivité des cétacés, je ne peux éthiquement donner des conseils pour travailler dans des parcs marins. Donc pour ceux intéressés par cette voie, je  vous laisse trouver ces informations par vous-mêmes. J’espère qu’au cours de cette recherche, vous trouverez des éléments qui changeront votre vision des choses et vous dissuaderont de travailler pour des enseignes qui exploitent les animaux que vous aimez.

Centres de recherches et associations

Bien que les débouchés soient relativement peu nombreux, quelques centres de recherches étudient les populations de mammifères marins et de nombreuses associations proposent des activités permettant d’assouvir votre passion en participant à des collectes de données, à des observations en mer…

Pour connaître le nom de ces organismes selon votre région ou le pays que vous souhaitez, n’hésitez pas à me contacter directement et je vous fournirai les détails.

Derniers conseils et coups de pouce

Dans tous les cas, tâchez de passer vos examens avec mention et de prouver vos motivations par les stages que vous aurez effectués. Si vous envisagez une thèse, alors choisissez sagement le lieu de votre (vos) stage(s). Trouvez un laboratoire ou une équipe susceptible de vous prendre par la suite comme « thésard ». Votre rapport de stage devra exposer un problème que vous aurez pour objectif de résoudre dans votre thèse. En France, il est très difficile de trouver un lieu de stage : les cétologues sont très rares et les places vites occupées.

De plus, la langue de la cétologie étant sans aucun doute l’anglais, je vous conseille vivement, dès vos premières années d’études, d’établir des contacts dans des équipes en Europe ou ailleurs. N’hésitez pas à remplir votre curriculum vitae avec des stages personnels que vous pouvez effectuer pendant vos vacances. Si vous voulez devenir cétologue, la clé est de commencer à s’organiser dès la première année ! Cela vous permettra de mieux cerner le domaine qui vous attire en cétologie, et d’y voir plus clair quant à votre souhait de carrière.

Je propose personnellement de vous aider dans ce parcours. Oui, vous avez bien lu. Petite fille, c’était mon rêve de devenir cétologue. Je riais intérieurement quand les gens me demandaient ce que ça voulait dire. Quand je disais « cétacés », ils confondaient avec « crustacés » !

Je dois dire que le manque de soutien et l’absence d’information m’a découragée. Les informations que je fournis plus haut, je n’en avais pas connaissance à l’époque. On m’avait laissé entendre qu’il fallait à tout prix aller au Canada pour devenir cétologue. Au sortir du Bac à 18 ans, je n’avais malheureusement pas les fonds pour me permettre une telle expédition. A la place, je me suis dirigée vers des études d’anglais. Au moins, je maitrise cet indispensable pour devenir cétologue.

Aujourd’hui je sais que je peux reprendre mes études, par exemple à l’école de Montpellier. Je le ferai peut-être, qui sait. En attendant, ne vous découragez pas, si vous êtes vraiment passionnés, il n’y a pas de raison que vous n’y arrivez pas ! 🙂