Le Film Qui Fait La Différence

Avec The Cove, le secret de la petite baie de Taiji a enfin été dévoilé. Que s’est-il passé exactement depuis la sortie du film à l’été dernier ?

Agir pour faire cesser le massacre des dauphins des Japon

The Cove est sorti le 30 juillet 2009 aux Etats-Unis. Très rapidement, il a entraîné des actions bénéfiques à la cause des dauphins du Japon. Le premier en date est venu de Broome, en Australie, qui est la ville jumelle de Taiji. Suite à une pluie de courriels, de courriers, de fax, d’articles et de coups de téléphone, une réunion exceptionnelle du Conseil Municipal s’est tenue le 22 août. Au cours de cette dernière, la suspension des liens de jumelage avec Taiji a été adoptée, “tant que les massacres de dauphins n’auraient pas cessé”.

Cette première victoire a commencé à faire parler de Taiji au Japon ! Rapidement, nous avons même commencé à espérer que la bataille avait été remportée. En effet, le 1er septembre – date d’ouverture de la chasse aux dauphins – la petite baie de Taiji était déserte : ni pêcheurs, ni dauphins. Les massacres avaient-ils pris fin ?

Une mauvaise nouvelle nous est néanmoins parvenue de Taiji quelques jours plus tard : les pêcheurs avaient encerclés un groupe de petits cétacés dans la baie. Le lendemain, ils en avaient revendus une partie aux delphinariums… en avait relâché une autre… et massacré une dernière. les dauphins relâchés étaient des Tursiops truncatus – comme Flipper. Ceux qui étaient partie en direction de l’abattoir étaient des globicéphales – les mêmes que ceux qui meurent chaque année aux îles Féroé.

Voici donc que les pêcheurs jouaient sur les mots de la déclaration de Broome : pas de massacres pour les “dauphins” du type Flipper, mais aucune pitié pour les autres. Or, c’est évident : les globicéphales sont eux aussi des dauphins !

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Le Temps Que Les Choses Se Tassent…

Autre mauvaise nouvelle : en octobre, Broome est revenue sur sa décision : suite à des actes racistes envers la population d’origine japonaise (1), la ville a décidé de renouer ses liens de jumelage avec Taiji… et a expliqué que sa décision avait été mal comprise ! Cette décision était de très mauvaise augure. Certes, aucun Tursiops n’avait été massacré depuis plus d’un mois. Mais combien de temps allait-il s’écouler avant que la boucherie ne reprennent pour tous les cétacés capturés à Taiji ?

A partir du mois de novembre, des reporters et célébrités impliquées dans la cause des dauphins du Japon ont pu témoigner de la reprise des massacres… Bien sûr, les pêcheurs de Taiji appliquaient toujours la loi du secret, s’isolant dans la petite baie pour que rien, ou presque, ne filtre de leurs activités. Le constat était pourtant là : après une accalmie due à la pression internationale, les tueurs de dauphins avaient repris du service. Que faire aujourd’hui pour mettre un terme définitif à ces pratiques abjectes ?

(1 : Les propos racistes envers les Japonais, en plus d’être stupides et réducteurs, desservent clairement la cause des dauphins. L’exemple de ce qui s’est passé à Broome en est bien la preuve, et c’est pourquoi, je ne les tolérerai jamais sur ce site.)

Menaces Et Intimidations

J’en suis persuadé, de même que toutes les personnes qui prennent part à la défense des dauphins du Japon : The Cove reste la meilleure arme de combat pour stopper les massacres. D’autant plus que le film a reçu, le 8 mars 2010 (soit pile une semaine après la fin de la saison de chasse de dauphins), la distinction suprême de l’industrie cinématographique : l’Oscar du Meilleur Documentaire.

Ric O'Barry a la cérémonie des Oscars 2010

Grâce à cette récompense, The Cove a enfin pu trouver un distributeur au Japon : alors que personne ne s’était déclarait intéressé jusque là, la boîte de distribution Unplugged a acquis les droits de diffusion au Japon ! On pouvait penser que l’essentiel était fait… Le film devait être projeté dans l’archipel à partir du 26 juin. Mais c’était sans compter sur la hargne de ceux qui veulent à tout prix empêcher que le film soit connu des Japonais !

Des groupuscules nationalistes se sont ainsi mis à harceler, directement et très violemment, le distributeur japonais, ainsi que les propriétaire des salles de cinéma voulant projeter le film. Manifestations, coup de fils haineux, menaces et intimidations ont fini par avoir raison d’une, puis deux, puis trois salles de cinéma… Rapidement, on a appris que l’ouverture du film n’aurait finalement pas lieu : plus aucune salle sur la vingtaine prévue ne voulait prendre le risque de diffuser The Cove !

Il fallait réagir au plus vite. Première chose : Ric O’Barry et l’équipe du film ont décidé de diffuser gratuitement The Cove sur leur site Internet. Deuxième chose : ils ont continué leur action, sur place, pour tenter de convaincre les salles de cinéma de diffuser le documentaire malgré les menaces. Et ce travail a porté ses fruits : Save Japan’s Dolphins et le distributeur Unplugged ont réussi à convaincre plusieurs cinémas de prendre le risque de subir la vengeance des ennemis des dauphins. Résultats : le film devrait être projeté dans au moins 6 salles à partir du 3 juillet prochain.

Mais les nationalistes sont loin d’avoir dit leur dernier mot, loin de là. Tout récemment, après avoir harcelé le propriétaire d’une salle de cinéma de Yokohama, ils s’en sont pris à la mère de ce dernier. Une dame âgée qui n’a absolument rien à voir avec la distribution du film ! Dans cette vidéo, vous pouvez la voir se faire harceler, jusque dans son domicile :


Ric O’Barry et l’équipe de Save Japan’s Dolphins ont bien sûr proposé aux nationalistes de les rencontrer, pour discuter calmement. Mais ces derniers ont systématiquement refusé, préférant jouer les brutes pour empêcher que le film soit diffusé. Voici ce que déclare Ric :

Personnellement, je pense qu’ils sont payés pour ce qu’ils font et qu’ils n’ont pas vraiment d’opinion sur le sujet. Leur seul but est d’empêcher les gens de connaître la vérité, quoi qu’il en coûte.

Pour atteindre ce but, il est clair qu’ils – et ceux qui les financent – ne vont pas s’arrêter, et notre distributeur au Japon est petit et n’a qu’un budget très limité. L’association Earth Island nous aide en assurant une partie de la promotion et de la sécurité, mais nous aurons besoin de beaucoup plus si nous voulons étendre la projection du film au delà des 6 salles de cinémas prévues. Il y a 17 cinémas qui attendent en ce moment même de savoir ce que l’on peut faire.

Opération “dauphins Du Japon”

Pour soutenir Ric O’Barry, Save Japan’s Dolphins et tous ceux qui luttent, jour après jour, pour assurer la diffusion de The Cove au Japon, je vous invite à participer à partager ce billet, à le commenter, à le publier sur vos propres sites et blogs si vous en avez (en indiquant la source pour que ceux qui veulent agir sachent où aller), et le télécharger au format PDF.

Enfin, et surtout, dans le prochain billet, qui sera le dernier de cette série, je vous expliquerai précisément comment va se dérouler l’Opération dauphins du Japon. Pour ceux qui décideront d’y prendre part, nous vous réservons plusieurs petites surprises en remerciement, donc ne le ratez surtout pas !

Si ce n’est déjà fait, vous pouvez rejoindre la newsletter Action pour les dauphins grâce au formulaire ci-dessous pour être tenu au courant des prochains événements au plus tôt. Quoi qu’il en soit, merci pour tout ce que vous faites pour faire la différence à Taiji !

Cet article fait partie d’une série. Cliquez sur les liens ci-dessous pour avoir accès aux articles précédents :

1. dauphins du Japon : Que Se Passe-t-il Exactement Dans La Baie De Taiji ?
2. dauphins du Japon : Les Personnes Qui Agissent Sur Le Terrain, A Taiji et Au Japon
3. dauphins du Japon : L’Avant Et L’Après-The Cove
4. dauphins du Japon : Ensemble, Faisons La Différence !