A l’occasion de la sortie du tome 2 de Siècle Bleu (je n’ai pas encore lu le tome 2 mais vous recommande assurément le premier !), Jean-Pierre Goux s’est prêté au jeu de l' »auto-interview » autour de ce principe : « Quelles sont les questions que tu aimerais que les lecteurs du Blog sur les dauphins te posent ? » Les voici. 🙂
Présentez-nous la saga Siècle bleu en quelques mots ?
C’est un thriller écologique dont l’objet est de faire comprendre certains phénomènes tout en maintenant le lecteur dans une histoire haletante. Dans Siècle bleu (paru en 2010), l’organisation éco-activiste Gaïa est accusée par le gouvernement américain d’un crime qu’elle n’a pas commis et lutte pour découvrir la vérité. Dans Ombres et Lumières (qui vient de paraître le 10 mai 2012 et qui peut être lu indépendamment du premier volet), le leader de Gaïa, Abel Valdés Villazón révèle une information qui doit provoquer la chute de la Maison Blanche mais il déclenche au contraire une réaction d’une violence inouïe de la part des États-Unis, de la Chine et des grandes organisations criminelles. Avec l’aide d’une poignée d’individus, il déclenche une révolution pacifique, la Révolution bleue, qui pourra peut-être changer la marche du monde… Je ne vous dis rien de plus.
Pourquoi avoir placé une organisation éco-activiste au cœur de l’intrigue ?
Parce que depuis l’échec du sommet de Copenhague en 2009 et la crise financière, les gouvernements ont une attitude extrêmement cynique à l’égard de l’écologie qui est même devenue un sujet « gênant ». Et les organisations qui dénoncent ce que les Etats, les multinationales et les mafias voudraient bien taire, sont les plus gênantes. Quand on voit l’acharnement contre Sea Shepherd et son leader Paul Watson, le scénario du livre pourrait tout à fait être réel.
Quelle organisation vous a inspiré Gaïa ?
C’est clairement Sea Shepherd dont je suis l’action depuis une douzaine d’années. Comme certainement beaucoup de vos lecteurs, j’ai une profonde admiration pour Paul Watson. L’intensité, l’intelligence et la constance de son combat sont remarquables. De plus, Sea Shepherd obtient de vrais résultats là où d’autres échouent car les combats qu’elle mène sont très dangereux. Je suis d’ailleurs en ce moment en train de me régaler en lisant Entretien avec un pirate de Paul Watson et Lamya Essemlali qui vient de paraître aux éditions Glénat. La saga Siècle bleu est ma façon de rendre hommage à ces résistants. Je suis heureux car il y a beaucoup de militants de Sea Shepherd parmi mes lecteurs.
Quelle est la place des dauphins dans votre saga Siècle bleu ?
Pour moi, la cruauté envers les dauphins symbolise toute la cruauté que l’on peut avoir envers une nature paisible et envers nous-mêmes, alors que nous devrions tout faire pour vivre en harmonie. Dans chacun des deux ouvrages, les dauphins occupent donc une place importante dans l’intrigue.
Dans Siècle bleu, le groupe éco-activiste Gaïa s’attaquait aux Japonais qui massacrent les dauphins à Taiji (NDR : voir les extraits du livre concernant Taiji dans l’interview accordée au blog des dauphins en 2010). Depuis l’Oscar en février 2010 du film « The Cove » ces massacres sont à peu près connus du grand public et j’avais même songé à changer ces scènes avant que le livre ne sorte. Deux ans plus tard, il est navrant de constater que les exactions se poursuivent et je suis donc heureux d’avoir pu participer (modestement) à la prise de conscience.
Dans Ombres et Lumières, c’est un dauphin militaire envoyé par les Etats-Unis sur les côtes de l’île de Hainan pour détruire une fusée chinoise qui est au cœur de l’intrigue. Pour l’arrêter, Abel Valdés Villazón va faire appel à un de ses amis, spécialiste de la communication avec les dauphins. Cet ami est soigneur-dresseur au SeaWorld de San Diego et il vit toute l’horreur des delphinariums. Il y reste car il est très lié à une femelle dauphin, Daisy, justement rescapée des massacres de Taiji.
Pour vous, qu’est-ce qui empêche la sauvegarde des mammifères marins pourtant protégés?
Sans aucun doute les intérêts financiers et les groupes criminels plus ou moins organisées. A partir du moment où une espèce est protégée, sa valeur augmente et un marché noir apparaît. Aujourd’hui, un dauphin vendu à un delphinarium représente des centaines de milliers de dollars et un commerce lucratif existe. Au Japon, derrière les pêcheurs de Taiji, les Yakuzas veillent. On retrouve ces mêmes Yakuzas derrière le commerce du thon rouge. Selon une enquête de sept mois menée par l’International Consortium of Investigative Journalists, le marché noir du thon rouge représenterait 4 milliards de dollars. Le capitaine Paul Watson affirme aussi que les mafias taiwanaises gèrent le commerce des ailerons de requin contre lequel il s’est engagé et qui lui a valu son incarcération récemment en Allemagne.
Les mafias qui ont connu un développement phénoménal au cours des trente dernières années avec le commerce de la drogue, des armes, la protistution et le trafic des migrants, sont en train de connaître une deuxième phase d’essor avec la protection de la nature, qui leur offre des opportunités sans fin. Si les Etats ne prennent pas conscience de ce phénomène, la transition écologique ne fonctionnera jamais. Dans Ombres et Lumières, les héros sont face à ces mafias et il leur faudra toute leur intelligence et leur courage pour les vaincre.
Pourquoi ce nom « Siècle bleu » ?
Pour moi le vingt-et-unième siècle est unique dans l’histoire mouvementée de l’espèce humaine. Pour la première fois, nous sommes confrontés aux limites de la planète et nous découvrons que nous vivons dans un monde aux dimensions finies. Pour que l’aventure humaine continue, il faudra s’adapter à cette nouvelle donne, sinon c’est la barbarie qui nous guettera. Pour réussir cette transition, il faut tout remettre à plat et repenser complètement l’organisation des sociétés humaines et nos modèles économiques. Et l’effort devra durer un siècle, le Siècle bleu, le vingt-et-unième siècle.
Pourquoi bleu ?
Bleu car c’est la couleur de la Terre telle qu’on la voit depuis l’espace, la couleur des océans. L’un des héros du livre est un astronaute, il admire la Terre et communique son émerveillement à tous les humains. Prendre de la hauteur, c’est ça qui manque à beaucoup.
• Site Internet Siècle bleu : http://www.sieclebleu.org
• Groupe Facebook Siècle bleu : http://www.facebook.com/sieclebleu
• Bande annonce d’Ombres et Lumières :
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